Ces derniers temps, un sujet revient hanter les discussions économiques et boursières en France : la taxe sur les transactions financières, plus connue sous le nom de TTF.


Instaurée en 2012, cette taxe vient de prendre un nouveau coup de massue avec une hausse annoncée dans la loi de finances 2025, passant de 0,3 % à 0,4 % depuis le 1er avril.
Une ponction supplémentaire de 333 millions d’euros sur les investisseurs, alors que les finances publiques françaises sont dans le rouge et que l’éducation financière reste un désert dans notre pays.


À l’origine, on nous a vendu la TTF comme une arme contre la spéculation et une main tendue aux pays pauvres.
Mais aujourd’hui, elle ressemble davantage à un impôt déguisé qui frappe les petits porteurs et décourage l’investissement dans nos entreprises.
Pourquoi cette taxe est-elle une aberration ? Quels sont ses impacts réels en 2025, et surtout, pourquoi elle va à l’encontre de tout ce qu’on devrait encourager pour une économie dynamique ?
La TTF : une taxe qui encourage le pire en bourse
Bonjour à toute la communauté, et bienvenue sur Libre&Riche, je suis Mathieu Faraco !
Si vous suivez l’actualité boursière, vous savez que la taxe sur les transactions financières est de retour dans les débats.
Lancée le 1er août 2012 sous François Hollande, elle avait pour objectif de taxer le secteur financier après la crise de 2008, de freiner la spéculation, et de financer le développement international. Mais quels sont les résultats de cette taxe et pourquoi ont-ils décidé d’élever son taux ?
Pour comprendre, posons le décor.
La taxe sur les transactions financières, souvent surnommée taxe Tobin, tire son nom de l’économiste américain James Tobin, qui, en 1972, proposa une taxe sur les transactions de change pour freiner la spéculation sur les devises après la fin du système de Bretton Woods.
Son idée, initialement pensée pour stabiliser les marchés mondiaux et financer des causes globales, resta théorique jusqu’à ce que l’Europe s’en empare dans les années 2000.
Après la crise financière de 2008, l’Union européenne relance le concept, voyant dans une TTF élargie aux actions et dérivés un moyen de faire payer le secteur financier et de réguler les excès.
En 2011, la Commission européenne propose un projet ambitieux à l’échelle des 27 États membres, mais les désaccords, notamment avec le Royaume-Uni, font capoter l’harmonisation.
Seule une poignée de pays, dont la France, évidemment quand il s’agit de taxer, la France répond première, décident d’avancer : en 2012, sous la présidence de François Hollande, la TTF française voit le jour, concentrée sur les actions des grandes entreprises nationales, loin de l’idéal global de Tobin, mais ancrée dans une logique de recettes fiscales et de symbole politique post-crise.
À la base, l'économiste James Tobin recommandait une taxe de 0,1% sur chaque transaction de change mais bien sur la France règne toujours en championne lorsqu’il s’agit de taxe et la TTF va donc passer à 0,4%.
Alors que chez nos voisins italien et espagnols elle est de 0,1% et de 0,2% respectivement la France va toujours plus loin lorsqu’il s’agit de taxer les épargnants.
La TTF en France s’applique donc à l’achat d’actions de sociétés françaises dont la capitalisation dépasse 1 milliard d’euros et dont le siège est en France – on peut penser à TotalEnergies, LVMH ou Sanofi.
Son taux, qui était de 0,2 % à l’origine, est monté à 0,3 % en 2017, et maintenant à 0,4 % depuis le premier avril 2025.
Donc si vous achetez pour 10 000 € d’actions, ça fait 40 € de taxe en plus des frais de courtage. Pas énorme, direz-vous. Mais attendez de voir comment cette taxe déforme tout.
Le pire, c’est son exemption clé : les opérations intraday, ces allers-retours dans la journée, ne sont pas taxées. Achetez et vendez une action le même jour, et vous échappez à la TTF. Donc la taxe se contredit elle-même: l’objectif étant de limiter la spéculation, elle l’encourage. Encore une débilité de nos politiciens…
Elle encourage un trading rapide et risqué, au lieu de pousser à une stratégie réfléchie sur le long terme.
Nos politiciens devraient se renseigner avant de prendre des décisions aussi absurdes. Ils auraient également dû prendre en compte les conseils de Warren Buffett: "Notre période de détention préférée, c’est pour toujours."
Investir, c’est construire sur des années, pas jouer à la roulette sur 24 heures.
Mais avec la TTF, l’État vous incite à faire l’exact opposé et voici pourquoi c’est une catastrophe…
Un encouragement à la spéculation
Parlons franchement : la TTF transforme la bourse en casino pour éviter de payer.
Si vous achetez 500 € d’actions Air Liquide et que vous les gardez, vous payez 2 € de taxe à 0,4 %, plus les frais de courtage – disons 1 €.
Sur un petit ordre, ces 3 € représentent 0,6 % de votre mise, avant même de voir un centime de gain. Mais si vous achetez le matin et revendez l’après-midi, zéro taxe. L’État vous dit : "Spéculez vite, et on vous laisse tranquille."
Sauf que ce trading intraday, c’est une folie pour les amateurs. Sans outils pros, sans algorithmes, sans expérience, vous vous lancez dans un jeu où même les professionnels ne sont pas sûrs de sortir.
Les études le prouvent : 80 % des traders particuliers perdent de l’argent sur le court terme, selon l’AMF.
Pourquoi ?
Parce que c’est un métier, pas un hobby. Et les pros utilisent des outils spéciaux tels que des terminaux Bloomberg, ils n’ont donc pas les mêmes informations que nous.
La TTF nous pousse donc dans ce piège, alors que la vraie richesse se bâtit sur le long terme.
Warren Buffett a fait fortune en achetant des entreprises solides comme Coca-Cola et en les gardant des décennies, pas en revendant ses actions quotidiennement.
Et c’est là que ça devient absurde : cette taxe punit ceux qui veulent investir intelligemment… En France, nous avons un grand manque d’éducation financière et visiblement même nos députés ne pitent rien au sujet quand il s’agit de parler finance, bien que dans un autre registre…

Résultat, les investisseurs qui souhaitent investir intelligemment sont pénalisés. Et c’est précisément pourquoi l’Allemagne avait abandonné le projet de TTF en 2020.
En février de 2020, Olaf Scholz, alors ministre des Finances, a reconnu que la taxe sur les transactions financières n’avait pas le soutien nécessaire au Bundestag, notamment parce qu’elle affectait les petits actionnaires tout en épargnant les véritables acteurs de la spéculation, bien qu’il soit en faveur d’une telle taxe depuis de nombreuses années.

Plusieurs rapports commandés par le ministère des Finances allemand avaient estimé que :
Les recettes fiscales seraient faibles (comparées aux coûts économiques).
La liquidité sur les marchés allemands en serait affectée.
Le risque de baisse du PIB, même minime, n’était pas acceptable dans un contexte post-Covid.
Le projet avait été popularisé dans les années 1970-90 pour freiner la spéculation financière à court terme. Et il refait surface dans les années 2008-2010, après la crise financière mondiale.
Ainsi en 2011 la commission européenne propose une taxe de 0,1 % sur les actions et obligations, et 0,01 % sur les produits dérivés.
Le but : instaurer une taxe commune dans toute l’UE. 11 pays sont volontaires au projet dont bien entendu la France, l’Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Belgique ou encore le Portugal.
Parmi les pays qui se sont retirés du projet, on peut citer l’Estonie et l’Allemagne. En ce qui concerne les pays qui n’ont pas adhéré au projet dès ses débuts ont peut citer le Luxembourg, la Finlande, l’Irlande ou encore la Suède.
D’ailleurs concernant la Suède, elle refuse catégoriquement de rejoindre le projet de TTF européenne en raison d’un échec cuisant d’une TTF nationale dans les années 80.
Le pays l’avait testé dans les années 1980 et ça avait été un désastre économique. Introduit en 1984, l’objectif était similaire à celui de la TTF européenne.
Résultat: un échec spectaculaire:
Fuite massive des transactions: Environ 50 % des volumes ont quitté la Bourse de Stockholm dès la première année.
Délocalisation vers Londres
Revenus très décevants
Effet sur l’économie réelle: Baisse de la liquidité, hausse du coût du capital, affaiblissement du marché national.

En 2012, la Suède refuse catégoriquement de rejoindre le projet de TTF européenne.
Le ministre des Finances de l’époque, Anders Borg, déclare : “La TTF est une très mauvaise idée. L’expérience suédoise a montré que cela ne réduit pas la spéculation, mais nuit à l’économie réelle et pousse les marchés à l’étranger.”
Mais alors pourquoi la France augmente cette taxe absurde ?
Cette augmentation s’inscrit dans un contexte où le gouvernement cherche à réduire le déficit public, prévu à 5,4 % du PIB en 2025 . Elle reflète également une volonté de faire contribuer davantage le secteur financier au financement des dépenses publiques. Autrement dit, on vient augmenter les impôts de ceux qui s’intéressent à leur finance pour aider ceux qui ne savent pas gérer leur budget: l’État.
À l’heure où la hausse à 0,4 % entre en vigueur, en plein marasme économique avec une inflation à 2,4 % et un déficit public à 6 % du PIB, c’est un signal désastreux.
Investir devient plus cher, plus décourageant, et ça tue l’élan de ceux qui veulent diversifier leur épargne au-delà du Livret A, qui dort à 600 milliards d’euros selon la Caisse des Dépôts.
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Un frein à l’économie française et aux entreprises nationales
Mais l’absurdité ne s’arrête pas là.
La TTF décourage spécifiquement l’investissement dans les entreprises françaises, et ça, c’est un scandale quand on voit le potentiel de notre économie.
Elle ne taxe que les actions des boîtes dont le siège est en France et qui pèsent plus d’un milliard en bourse.
C’est-à-dire que si vous achetez Apple ou Tesla, pas de TTF.
Si vous misez sur TotalEnergies ou L’Oréal, vous payez 0,4 %, alors même que ces entreprises sont des moteurs pour la France.
TotalEnergies, par exemple, emploie des dizaines de milliers de personnes et verse des milliards en impôts n’en déplaise aux gauchos qui soutiennent qu’ils ne paient pas d’impôts.
Investir dans ces fleurons, c’est booster l’emploi, l’innovation, et la croissance.
Mais avec la TTF, l’État rend ça moins attractif.
Et l’exemple de la Suède n’a pas servi de leçon visiblement… La Suède a pourtant averti l’Europe en exprimant sa crainte que l’instauration d’une TTF au niveau européen n’entraîne une délocalisation des activités financières vers des marchés non soumis à cette taxe, comme les États-Unis ou l’Asie.
D’ailleurs, le rapport du Parlement britannique de 2011 sur la taxe sur les transactions financières (TTF) met en lumière un aspect souvent sous-estimé : cette taxe, en apparence simple et juste, n’est pas aussi transparente qu’on pourrait le croire, notamment lorsqu’elle s’applique de manière générale sur les marchés.
Contrairement à l’idée selon laquelle elle ne viserait que les spéculateurs, le rapport souligne qu’elle aurait en réalité des effets indirects très larges sur l’ensemble de l’économie réelle.
Concrètement, la TTF ne pénaliserait pas seulement les opérateurs de marché, mais aussi de nombreux acteurs qui ne spéculent pas, comme les producteurs agricoles, les entreprises industrielles, les fonds de pension, les consommateurs et les investisseurs particuliers.
Prenons un exemple simple : un fabricant de pâtes basé en Europe.
Pour se protéger contre la volatilité du prix du blé, il utilise des instruments financiers de couverture (hedging).
Or, chaque transaction liée à cette couverture serait soumise à la TTF. Cela signifie qu’avant même que le paquet de pâtes n’arrive sur les étagères d’un supermarché, plusieurs taxes auront été appliquées sur les opérations de couverture des prix des matières premières.
Résultat : le coût de la couverture augmente, ce qui alourdit le coût de production — et in fine, le prix payé par le consommateur.
Ce phénomène est amplifié par l’effet de cascade : chaque étape de transformation ou de couverture financière est taxée, parfois plusieurs fois.
Le blé est acheté et couvert, puis transformé, transporté, couvert à nouveau… et à chaque fois, la taxe frappe.
Le rapport souligne également que cette hausse des coûts incite de nombreuses entreprises à réduire leur recours aux instruments de couverture.
Moins de couverture, c’est plus d’exposition au risque, ce qui fragilise leur modèle économique. Cela touche particulièrement les petites entreprises, moins capables d’absorber la volatilité des prix.
De plus, les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs, qui utilisent ces instruments pour sécuriser les retraites et l’épargne des citoyens, se retrouvent aussi pénalisés. Moins de rendement, plus de coûts de gestion, et au final, des retraites potentiellement moins généreuses pour les épargnants.
Enfin, le rapport met en garde contre un effet pervers : la TTF pourrait encourager un déplacement des transactions financières vers d’autres juridictions, moins taxées.
Cela réduirait l’attractivité des places financières européennes, sans pour autant atteindre l’objectif initial de limiter la spéculation.
En résumé, loin d’être une taxe ciblée sur les spéculateurs, la TTF agirait comme un impôt diffus sur l’ensemble de la chaîne économique, avec des répercussions concrètes sur les entreprises, les retraités et les consommateurs.
Autrement dit, même ceux qui ne spéculent pas en subiraient les conséquences, parfois sans même le savoir.
Suite à cette décision ingénieuse de nos députés, la place de Paris s’est plaint: cette taxe nuit en effet à la compétitivité de la bourse française face à Londres ou Francfort.
À un moment où on devrait encourager l’actionnariat populaire pour renforcer les fonds propres de nos boîtes, on fait fuir les investisseurs vers l’étranger.
Imaginez l’impact : si tout le monde évite les actions françaises à cause de la TTF, nos entreprises auront plus de mal à lever des capitaux. Moins de croissance, moins d’emplois, et une économie qui stagne encore plus.
Cette logique est paradoxale : on taxe les moteurs de notre croissance, tout en créant un désavantage compétitif au profit des marchés financiers étrangers.
Des objectifs trahis et une inefficacité totale
Revenons aux promesses de 2012. La TTF devait faire payer le secteur financier, limiter la spéculation, et inspirer une taxe européenne. Treize ans plus tard, c’est un fiasco. D’abord, ce ne sont pas les banques qui payent, mais vous.
Les courtiers prélèvent la taxe et la reversent à l’État – en 2025, on dépassera le milliard d’euros de recettes. Mais cet argent ne va pas aux pays pauvres, il se perd dans le budget général, englouti par une dette de 3200 milliards d’euros.
Ensuite, limiter la spéculation ?
Une illusion. Les traders haute fréquence et les pros de l’intraday rigolent bien : ils ne paient rien. La TTF encourage même ce comportement en exonérant les allers-retours rapides, pendant qu’elle tape sur la gestion long terme.
La Cour des comptes l’a dit dès 2017 : la taxe n’a pas régulé les marchés, elle a juste déplacé certaines opérations ailleurs.

Et l’Europe ?
Aucun pays n’a suivi, les négociations pour une TTF commune sont au point mort depuis 2011.
La France se retrouve seule à jouer les justiciers fiscaux, au détriment de ses propres citoyens.
Pour conclure, la TTF est une aberration qui coche toutes les cases du mauvais choix politique de nos élites qui ne comprennent rien à l’économie.
La TTF pousse au trading débile sur une journée, un piège pour les non-pros, alors que l’investissement long terme, à la Warren Buffett, est la vraie clé de la richesse. Elle décourage l’achat d’actions françaises, sabotant nos entreprises et notre économie, tout en ratant ses objectifs initiaux.
En 2025, avec cette hausse à 0,4 %, elle enfonce le clou dans un pays où l’éducation financière est absente et où l’État préfère taxer les petits porteurs plutôt que les spéculateurs.